Concert

Ceux dont les antennes sont connectées aux miennes et qui m’accompagnent ici ont dû entendre dans leurs rêves la merveilleuse musique du concert dont je rentre à l’instant.

Un domaine vinicole sur quelques hectares qui accueille le festival Starlights Classics existant depuis 17 ans… sponsorisé par la banque de mon petit frère qui nous considère fort judicieusement comme des V.I.P.

 « Champagne » rosé à volonté, amuse-gueules puis valisette en osier de pique-nique très english avec vaisselle en porcelaine, verres et tout et tout, chaises pliantes, couverture, bouteilles de vin. Places réservées devant la scène et… moteur !

Emotion à flots dès le démarrage avec l’hymne national dans les 3 langues officielles du pays sur diaporama multiracial.

L’orchestre philarmonique du Cap, un chœur aux chanteurs réellement de toutes les couleurs, des danseurs dignes du Cirque du Soleil.

Succession de morceaux choisis de Korsakov, l’Ave Maria de Bach, une chanson d’Abba, Le Parrain, des chants zoulous, une troupe de gamins époustouflants jouant du tambour, le lauréat de l’émission « un incroyable talent », ancien balayeur noir chantant l’opéra avec une voix de ténor à faire pleurer, Katherine Jenkins, encore méconnue en France (en tout cas par moi) de passage dans sa tournée mondiale, soprano surprenante tant dans du Bizet que dans la variété, une plantureuse chanteuse noire pleine d’auro-dérision et le clou émotionnel, « l’impossible rêve » avec plus d’un millier de bougies sur un diaporama de Mandela à tous les âges de sa vie.

On croirait un inventaire à la Prévert et pourtant c’était merveilleusement harmonieux, arc en ciel musical symbolique d’une Afrique du sud qui se veut réconciliée.

Si la politique cède le pas à la bonne volonté du peuple et à son intelligence, d’ici quelques décennies, le pari sera définitivement gagné. Le temps que tous accèdent au même niveau d’études et d’instruction, le temps que les chances s’égalisent et que les emplois sont attribués au seul mérite et pas à la couleur de la peau, blanche pendant tellement longtemps et noire actuellement, malheureusement trop souvent en discrimination positive au détriment des compétences.

Nous sommes rentrés les yeux pleins d’étoiles avec nos chaises et notre panier… et l’espoir que le rêve deviendra possible.