Suicides
Le livre « Suicide, mode d’emploi » a mis en lumière il y a quelques décennies un certain nombre de modalités de suicide. On entend généralement le mot suicide comme étant une pratique visant à mettre fin concrètement à ses jours.
Or j’ai pu rencontrer, depuis les nombreuses années que j’exerce la psychothérapie, des formes très variées de suicides. Ces comportements aussi incompris qu’incompréhensibles sont pourtant le reflet de problèmes bien réels, profonds et douloureux.
La personne rencontre des contraintes ingérables et même souvent des doubles contraintes qui l’acculent à l’irrémédiable. Une double contrainte consiste à n’apporter aucune issue, aucune satisfaction quelle que soit la direction prise. Dans tous les cas la personne renoncera à une valeur essentielle, ce qui rendra son choix impossible à assumer.
Reste la solution de provoquer inconsciemment une situation qui imposera un choix violent et inévitable sous forme d’acte manqué. Il en résulte alors un suicide social, existentiel, professionnel ou autre.
Il suffit qu’un aspect de la personne meure pour que l’on puisse parler de suicide. Quelqu’un qui se sabote sous l’emprise de croyances et de fonctionnements inconscients peut être amené à se suicider professionnellement en répétant des échecs.
On peut observer un comportement parallèle concernant les relations personnelles ou familiales.
Certains parleront d’énorme ratage.
Une partie de la vie est détruite, un pan de l’existence est coupé et c’est suffisant pour évoquer le suicide psychologique.
Un cinéaste qui se prétend nazi lors de LA circonstance annuelle du cinéma, un politique sous le microscope médiatique qui se comporte de LA manière irrémédiable pour mettre fin à sa carrière…
Les pires comportements, éclairés par une lumière bienveillante leur donnant du sens, provoqueront alors plus de compassion que de raillerie.
Se relier à l’autre et, à travers l’autre, à l’univers dans la bienveillance et la compassion participe à l’énergie d’amour dont nous avons tant besoin en ces temps troublés…