Pélerinage
Certains disent que pour s’ouvrir l’esprit, il faudrait aller chaque année dans un endroit inconnu.
Certes mais peut-être serait-il profitable de faire également un retour sur son passé.
Je suis allée passer une journée dans mon village d’origine. Retrouver les endroits riches d’anecdotes, croiser un visage reconnu malgré l’effet des années.
« Tu n’as pas changée ! »
-Ah bon, j’avais déjà l’air si vieille à l’époque ?
Revoir avec nostalgie mon école dont ma maîtresse religieuse a défroqué depuis…
Ma maison dont la façade n’a pas été ravalée depuis des décennies…
La première maison habitée avant mes 5 ans, celle du beau Raoul. Si, si, je vous en ai déjà parlé…
Celle de la vieille dame qui m’a initiée au piano…
L’hospice transformé en « vraie » maison de retraite avec ses bâtiments tout neufs…
La pharmacie déplacée, l’église au milieu du village, la mairie en face avec ses volets violets… c’est à la mode le violet !
Le cordonnier disparu ainsi que l’apiculteur, le vieux café-épicerie, le fleuriste et tant d’autres choses dont je ne me souviens plus moi-même…
La boulangerie-pâtisserie comme celle des villes et plus des vieux films…
La dernière ferme avec son abreuvoir transformée en société de fenêtres PVC…
Le camping flambant neuf à côté du gîte rural et du plan d’eau…
L’endroit où je cherchais le lait frais, celui de la bouteille de limonade du dimanche…
Un mélange d’éléments nouveaux, transformés, déformés par les souvenirs aussi…
Ce pèlerinage avait surtout pour prétexte un acte rendu indispensable après une prise de conscience essentielle pour moi. Un acte de symbolisation qui m’a permis d’aller déposer devant ma maison d’enfance un objet représentant une croyance transmise par mon père. Cette croyance limitante était un petit caillou dans mon épanouissement. Je l’ai donc laissée sur place et suis repartie le cœur léger.
Flâner dans son enfance, en ressortir les meilleurs souvenirs, y enterrer avec cérémonie les mauvais, c’est un peu comme un nettoyage de printemps. Ca régénère.