Jeunes blasés

Je rencontre de plus en plus de jeunes issus de familles éduquées, aisées qui gâtent leurs enfants tout en leur montrant activement, voire hyperactivement l’importance du travail. Ces parents aiment très certainement leurs enfants et la question ne leur viendraient jamais à l’esprit.

Il s’agit de la génération post 68 qui valorise l’émancipation, l’indépendance, « l’égalité » qui donne aux femmes le droit d’effectuer une triple journée de travail.

Après toutes les années d’oppression, ces femmes sont souvent centrées sur leur réussite et fortement tournées vers l’extérieur professionnel. Elles n’hésitent pas à divorcer quitte à rester seules avec leurs enfants. Elles vivent leur vie comme elles disent.

Les enfants, eux, se sentent souvent laissés au bord du chemin. Ils disent ne pas se sentir aimés même si « avec leur tête » ils savent que leur mère les aime.

Il y a souvent tant de pression pour qu’ils réussissent leurs études, qu’ils aient un métier où ils gagneront beaucoup d’argent qu’ils ont l’impression que c’est la seule chose qui intéresse leurs parents. Comme si leur bonheur, hors de la réussite matérielle, n’intéressait personne.

Et cette impression est tellement profonde que lorsque je l’évoque, ils semblent ne pas comprendre de quoi je parle.

Bof, je fais ces études parce qu’après j’irai travailler dans le cabinet ou l’entreprise de mon père ou d’une de ses relations.

Aucun enthousiasme, aucune flamme, voire même l’impression que le chemin de vie qui se déroule devant eux ressemble à celui qui menait à l’échafaud.

Parfois plusieurs premières années universitaires dans des disciplines différentes se succèdent sans résultat.

Parfois et de plus en plus souvent, les comportements à risque se multiplient.

Les parents sont désespérés, inquiets et ne comprennent pas, alors que leurs enfants ont « tout » !

Ils ont tout sauf l’essentiel, un ressenti d’amour inconditionnel. Le regard de chacun de leurs parents tournés clairement vers eux. L’expérimentation au fil des ans que chacun de leurs petits succès est vu, valorisé, instillant ainsi goutte à goutte l’estime de soi, la confiance.

Alors que leurs mères ne se posaient même pas la question d’avoir des enfants ou non tant leur génération-charnière était encore aveuglément inscrite dans la maternité, beaucoup de leurs filles n’envisagent pas d’être mère.

Il reste juste un sentiment de gâchis et l’espoir que la balance se rééquilibre… pas trop tard.