Entre deux maux
Il arrive dans certaines circonstances désagréables, après avoir testé plusieurs solutions inefficaces, qu’on finisse par opter, à reculons, pour celle qu’on repoussait au vu de tous ses inconvénients et effets secondaires prévisibles.
Soyons concrets : mon épaule me fait terriblement souffrir. Après avoir pris un certain nombre d’antalgiques insuffisants quoique déjà très forts, je me range à l’avis de mon médecin qui tient absolument à ce que je ne souffre pas. Il m’apporte donc de la morphine, un soir tard et là, je ne me pose plus de questions. Enfin une vraie nuit sans douleur. Je reprends une dose le matin, passe une journée somnolente et nauséeuse, en reprend une le soir et là, devinez quoi ! J’oublie les douleurs pour ne plus ressentir que les effets secondaires et m’en plaindre. Mon médecin insiste pour que je continue une semaine, évitant ainsi que la douleur se réveille. Il me faut rassembler tout mon bon sens pour ne pas interrompre les prises… et les effets très désagréables. Me rebrancher sur le souvenir de la douleur pour choisir… entre deux maux le moindre.
Ce n’est pas facile parce que le plus douloureux, c’est ce qu’on vit dans l’instant, directement avec ses sens.
Alors, je décide de faire confiance à mon médecin qui ne me veut que du bien… et en même temps à mon corps qui n’aime pas du tout ce qu’il est en train de vivre : je diminue la dose de poudre dans la gélule et teste un dosage qui me conviendra mieux.
Le meilleur choix est celui qui tient compte de ce qui est important sur le moment mais aussi de ce qui est mis en lumière par l’expérience.
Et pour peu qu’on ne soit pas trop abruti par une substance ni trop aveuglément obéissant, on peut se faire confiance pour adopter la meilleure solution.