11 Novembre

En ce jour férié, en mémoire d’une victoire qui ne représente plus guère que l’occasion en Alsace d’aller faire du shopping en Allemagne car les magasins y sont ouverts, je souhaite vous conter une anecdote touchante.

Un bel exemple de synchronicité et de chaîne humaine aussi.

Mon père, âgé de 87 ans aujourd’hui, a été incorporé de force dans l’armée allemande, à 17 ans, pour aller se battre sur le front russe, comme la majorité des Alsaciens et Mosellans  à l’époque.

S’il a eu la velléité de déserter, il y a renoncé pour ne pas mettre sa mère hémiplégique en danger de mort par représailles.

50 ans plus tard, lors du décès de sa femme et après avoir quitté le village où il a vécu  durant 40 ans, il déménage dans un quartier de Strasbourg. Ce n’est que transitoire puisqu’un an plus tard, il va s’installer dans le Sud.

Une lettre arrive à son adresse dans son village. Malgré le fait que le délai pour le transfert de courrier soit dépassé, le receveur lui fait suivre cette lettre. Vous savez, ce type de fonctionnaire qui agit en humain juste pour rendre service à un autre humain malgré le règlement. Si, si, ça existe, comme dans toutes les situations…

Arrivée à Strasbourg, là aussi la lettre est hors délai pour le transfert automatique de courrier.

Et la magie opère ! Le receveur actuel est l’ancien receveur du village de mon père… et le connait bien. Il lui fait donc suivre cette lettre.

A la fin de la guerre, après avoir été fait prisonnier puis libéré, mon père avait promis à un camarade belge de prévenir ses parents que leur fils était en vie et ainsi soulager leur attente.

Presque 50 ans plus tard, à la mort des dits parents, leurs affaires avaient été triées et cette lettre d’espoir retrouvée.

Et ce monsieur avait je ne sais comment retrouvé la trace de mon père pour le remercier à son tour d’avoir tenu parole.

Ils se sont retrouvés bien sûr et connaissant mon père, ils se sont raconté avec beaucoup d’émotions, non pas les nombreux souvenirs douloureux de leur expérience de prisonniers mais les anecdotes qui les ont maintenus en vie dans l’espoir de rentrer au pays.

Pour célébrer la paix retrouvée, mon frère est né un 11 novembre...