Transfert d'angoisse
C’est l’histoire d’une maman à qui le pédiatre annonce, alors que son bébé a deux jours, qu’il présente de petites différences anatomiques qui laissent présager un syndrome de maladie orpheline génétique. On parle d’un pied un peu plus petit (la maman chausse du 35), d’oreilles implantées un peu bas (comme le grand-père) …
Le pire scénario prévu concernant des problèmes d’alimentation ainsi que des malformations possibles, vérifiées à coup de nombreuses échographies, ne s’avère pas dans les 3 premiers mois.
L’angoisse étant insoutenable, une prise de sang est faite dont les résultats complets ne seront connus que dans 6 mois à un an…
D’autres médecins consultés sont dubitatifs et disent qu’ils auraient attendu quelques mois avant d’envisager cette hypothèse qui ne repose actuellement sur quasiment rien de concret.
Flash-back 3 ans plus tôt : naissance de la sœur aînée dont le même pédiatre diagnostique immédiatement un grave problème de fontanelles qui s’avère… inexistant.
Je peux comprendre le principe de précaution, la sur-médicalisation, la volonté de diagnostiquer à temps pour agir efficacement, bref, vous me connaissez, je peux tout comprendre.
Ce qui se joue dans ce cas, c’est un problème d’angoisse du médecin qu’il lui est plus facile de décharger sur la mère que de traiter à son propre niveau. La répétition dénonce un dysfonctionnement : un taux de 100 % de traitement catastrophique des naissances dans une famille laisse présager un comportement récurrent chez ce pédiatre.
Nos comportements dysfonctionnants n’ont pas toujours des conséquences dramatiques pour notre entourage et fort heureusement !
En revanche, dans la pratique de certains métiers, les responsabilités engagées sont trop importantes pour que les professionnels ne soient pas amenés à se remettre en question.
Certains dégâts psychologiques sont moins voyants qu’une intoxication alimentaire dans un restaurant ou des mites dans un paquet de chapelure. Et pourtant…