Père et repères

La difficulté pour des parents d’enfants ou d’ados en souffrance est d’adopter la meilleure posture pour venir en aide à leur enfant tout en préservant le bon fonctionnement familial.

Focaliser sur le « maillon faible », le surprotéger, c’est inscrire chez ses frères et sœurs, une injustice qui sera d’autant plus difficile à évacuer pour eux, qu’ils culpabilisent d’être celui qui va bien.

Cela donne parfois un sentiment de toute puissante à l’enfant en difficulté qui aura tendance à en user et abuser.

Même en dépression, souffrant de troubles alimentaires ou autres, un ado reste un ado qui tire sur la corde pour tester les repères parentaux. Sans repères clairs, le danger est qu’il aille tester des repères hors famille, avec les forces de l’ordre.

La tentation sera grande pour lui de laisser subtilement entendre que si toutes ses exigences ne sont pas satisfaites, les parents seront responsables de ses comportements autodestructeurs.

La panique des parents mêlée à leur impuissance à aider efficacement leur enfant et souvent à une culpabilité sous-jacente, les amènera petit à petit à « tout » accepter, le déscolariser, le laisser traîner au lit jusqu’à pas d’heure, à la télé ou sur l’ordi la nuit, ne pas rendre les devoirs par correspondance, ne pas partager les tâches familiales, ou tout autre débordement.

Paradoxalement, alors qu’on pourrait penser que le jeune sera satisfait de cette liberté tant revendiquée, il ira de plus en plus mal. L’absence de règles et de repères génèrera une angoisse de plus en plus importante, à la mesure des relâchements tolérés. Il s’angoissera pour son avenir lié à ses mauvais résultats scolaires.

Oser faire face à ses peurs, dialoguer fermement avec son enfant, reconnaître ses erreurs jusqu’à ce jour en les explicitant, l’impliquer dans un nouveau fonctionnement clair en détaillant les nouvelles exigences, tout ceci renversera la vapeur.

Le jeune se sentira pris en main. Un rythme quotidien avec un lever similaire à celui de ses camarades de classe, des objectifs de devoirs à rendre, des règles fermes quant à l’utilisation du téléphone et autres écrans, bref, un fonctionnement sain et cohérent, voilà qui le remettra sur la voie de la normalité.

Alors que la mère se débattait souvent avec ses peurs sans oser manifester d’autorité, ce sera au père de prendre fermement le relai pour passer un message clair et tenir son rôle de repère. Alors seulement la tendresse et l’attention qu’ils portent à leur enfant pourront être appréciées pour ce qu’elles sont et non pas pour de la faiblesse.