Première neige
Elle est encore bien timide mais ses fins flocons immaculés commencent à recouvrir les toits pentus.
Le ciel est gris opaque. Ca sent l’hiver. La fumée du feu de bois. Les marrons grillés. Le vin chaud et le pain d’épices.
Ca sent l’Alsace. Ca sent le Noël alsacien.
J’ai passé de nombreux Noëls aux quatre coins du monde. Nulle part cette féérie. Cette magie. Ces odeurs. Ces décorations authentiques.
On sort les bottes imperméables. Finis les concours d’élégance. On passe au pratique, aux bonnets improbables, aux écharpes sous lesquelles on disparait.
Les souvenirs remontent. L’école en traineau, tirée par mon grand-père. Les batailles de boules de neige. Les pentes dévalées en luge… par les copains. D’aussi loin que je m’en souvienne, j’aimais la neige derrière la fenêtre, bien au chaud, pelotonnée au coin du feu avec un bon livre.
L’hiver reste synonyme de lecture plus que toute autre saison. Un livre par jour, c’était mon rythme, souvent terminés à la lampe de poche sous les couvertures.
J’ai gardé de cette époque l’habitude de terminer rapidement mon travail pour savourer le temps restant en toute quiétude. Me plonger dans de nouvelles aventures. Découvrir de nouveaux auteurs.
Les statistiques effraient un peu. La lecture n’est de loin pas le loisir favori des jeunes.
Alors je ne manque jamais une occasion de raconter des histoires à mes petits-enfants et de leur répéter quel plaisir ils auront à lire eux-mêmes tous ces livres.
Je sème… Le perce-neige et le crocus donnent l’espoir. Chaque fin d’hiver, ils se faufilent à travers la neige pour renaître.