Mes orchidées

J’ai 5 merveilleuses orchidées qui ont chacune leur histoire, leur provenance et que j’entoure de tous mes soins amateurs car n’ayant absolument pas la main verte.

Elles refleurissent sans cesse, à peine leurs fleurs fanées et je ne m’en octroie aucun mérite. Elles adorent simplement leur emplacement. Peut-être même que leur orgueil, qui n’a d’égal que leur raffinement, apprécie particulièrement de trôner à la meilleure place de mon petit appartement, au vu de tous.

J’ai recueilli  un jour une pauvre orchidée qui refusait de refleurir chez sa propriétaire. Elle était menacée d’exclusion définitive.

Je l’ai placée parmi les miennes qui se sont poussées pour lui laisser une petite place, en rechignant un peu me semble-t-il.

Lors de ma première tentative de sauvetage, je me suis adressée à la nouvelle venue :

-Regarde où tu te retrouves. Regarde cette magnifique luminosité. Profites-en, fais comme tes copines, fais-nous une jolie fleur et tu pourras retourner chez toi. Je te fais confiance.

Trois semaines ont passé et si une feuille commençait à se développer, rien du côté des fleurs.

Comme je suis plutôt impatiente, je me suis un peu agacée.

-Qu’est-ce qui ne va pas ? Ca ne te plait pas cet endroit ? Je te préviens, tu as échappé à la poubelle une première fois. Si tu ne fais pas un effort, ma copine va te virer définitivement. Prends de la graine sur tes copines.

Rien durant un bon mois encore. Je la traitais comme les autres, un trempage de quelques heures chaque dix jours. Je ne savais pas trop quoi faire d’autre, je vous l’ai dit, je n’ai pas la main verte.

Un matin, après la séance de trempage, j’ai eu une idée. Je me suis adressée aux autres orchidées, à mes pensionnaires :

-Bon, voilà, c’est simple. Votre copine est là en rattrapage. Elle risque sa vie si elle ne fleurit pas. Vous êtes très douées pour faire de magnifiques fleurs plusieurs fois par an. Je compte sur vous pour lui transmettre vos compétences. Seule je ne peux rien faire. Je vous fais confiance, son sort est entre vos mains.

Et bien, vous savez quoi ? Deux semaines plus tard, une petite hampe s’est mise à pousser.

Elle a depuis regagné sa place chez sa propriétaire… qui m’en a confié une autre à remettre sur le droit chemin.

Libre cours à l’interprétation de chacun…