Réussite… ou non

Quand un nouveau commerce s’installe dans mon quartier, je me surprends à faire des pronostics… rarement confiants.

Un jeune Turc qui ouvre un dépôt de pain dans un quartier qui compte de très bonnes boulangeries.

Un magasin mi-bio, mi-cadeaux trop éclectique pour qu’une clientèle puisse s’y reconnaître.

Un tatoueur à quelques mètres d’un autre.

Une boutique de sacs de créateurs, hors de prix et même pas si jolis que ça.

Une crêperie sans place pour s’y installer à table.

Et j’en passe.

Tous ont bien sûr fermé dans un laps de temps très court mais suffisamment long pour perdre beaucoup d’argent.

Qu’est-ce que fait la réussite ?

Les rêves ? Un petit pécule de démarrage ? Beaucoup de courage et de travail ? L’opiniâtreté ?

Même nécessaire, ce n’est manifestement pas suffisant.

Il manque la capacité à étudier le marché. A s’identifier à une clientèle qui n’est pas faite que de clones de soi-même et de ses propres goûts. A  se projeter dans un avenir où réalisme et croyance dans sa réussite se mélangent avec justesse.

Ce n’est pas facile bien sûr, d’autant plus que l’enthousiasme irrationnel vient efficacement brouiller les pistes et les réflexions.

Je suis partagée entre la tristesse pour ces gens qui vivent ces fermetures comme un échec cuisant et onéreux et la foi dans leur capacité à en tirer des enseignements.

Si c’est souvent cher payé pour apprendre à rebondir, j’ose d’autant plus espérer qu’ils ne rateront pas le coche.