Le grand huit
Personne n’irait dans le grand huit sans s’attendre à être étourdi.
C’est normal qu’on le soit. Le fait qu’il nous secoue est bien intentionnel, c’est le but! Chercher la paix et l’équilibre dans un tel manège serait frustrant et peine perdue.
La vie est souvent comme un grand huit. Tout bouge constamment. De nouvelles choses débutent et terminent constamment, parfois un peu brutalement. Nos propres pensées nous donnent même parfois le vertige. En fait, à peu près tout ce qui a trait à la vie humaine peut être étourdissant, par moment. Il est donc absolument impossible de trouver une paix absolue dans ce monde instable des choses qui vont et qui viennent, tout comme il serait impossible d’être profondément détendu dans un grand huit.
On peut essayer de rendre la vie moins étourdissante bien sûr. Ou simplement espérer qu’elle change. C’est une cause perdue d’avance. Avec de l’attention et beaucoup de chance, on réussira à rendre notre quotidien aussi doux que possible, souvent même merveilleux… Mais la vie restera toujours intrinsèquement mouvementée. Et on sera constamment frustré et déçu si on s’attend à ce qu’elle soit différente de ce qu’elle est.
Ainsi, le but ultime n’est pas de ralentir le grand huit ou d’attendre qu’il devienne une source de paix. Non, le but est plutôt de prendre contact avec la partie de nous qui n’est pas dedans. Car il y a une partie de nous intangible et extrêmement profonde qui en est effectivement détachée. C’est là que se trouve la seule vraie forme de sécurité. C’est là que nous attend ce bien-être inconditionnel auquel on a toujours aspiré. C’est la partie de nous infinie, magique, qui ne peut être ébranlée…
Et si le grand huit est parfois si rapide et si étourdissant, c’est justement, précisément, pour nous motiver à la trouver.