Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
PSYCHOTHERAPIE
PSYCHOTHERAPIE
Derniers commentaires
Archives
Visiteurs
Depuis la création 217 999
4 novembre 2015

Commémoration

 

20 ans déjà ! Un groupe d'illuminés (on est toujours l'illuminé de quelqu'un) attend son avion à Ben Gourion, aéroport de tel Aviv. Ce groupe détonne étrangement parmi la foule compassée. Les retards et les agacements s'amplifient. Rien n'atteint vraiment notre groupe. Tant mieux, quelques minutes grapillées, c'est toujours ça de pris sur la vraie vie qui recommencera à l'atterissage de cet avion. Nous sommes encore sous le choc de nos bouleversements émotionnels. Imaginez : une semaine à tenter d'accoucher de nos parts d'ombre, sous l'égide de deux grands accoucheurs devant l'éternel Paule salomon et Jacques Salomé. Cette parenthèse au bord de la mer égyptienne, à deux pas d'Israël représente pour chacun de nous un évènement à marquer d'une pierre blanche. Une renaissance, une prise de conscience essentielle, un remariage avec soi, la décision d'entrer dans la vie... Un stage de développement personnel est toujours une expérience grandiose.

On apprend enfin par des voisins excédés par notre joie à partager encore ces derniers instants ensemble, qu'Yitzhak Rabin est mort. Le ballet incessant des avions d'officiels perturbe le ciel. Et là, instantanément, notre tristesse à nous séparer ose se manifester et remplacer cette joie factice que nous brandissions, comme pour conjurer le sort.

La vraie vie reprend ses droits. Comme la source, nous serons à jamais les mêmes et toujours différents. Toujours unis par des fils invisibles.

 

Je vous offre ce texte que nous avions écrit collectivement lors d'un stage dans le désert un an plus tôt et qui rend le plus bel hommage qui soit à Jacques Salomé.

 

Il existe, dans un coin trouvé du Sud marocain, là où l'Atlas a posé ses langes, un espace où la terre expose ses dernières rondeurs.

A courbure de sein, à fleur de hanches, à flanc d'épaule, la terre-mère vient s'y faire caresser sous le vent. Ne le cherchez pas sur la carte, vous risqueriez de le trouver.

Orly-Sud, 7 mai 1994. Nikkons arabes, Caddies chinois, Gandouras africaines, 3 pièces d'été de l'ABCD Company, enfants déjà policés, parents éteints depuis longtemps, clinquants de l'Occident finissant en oeillades 100 Watts aux trottoirs des vitrines.

Envol vers le Maroc. Atterrissage plein-sud. Les moteurs et les ailes de Mermoz, Guillaumet et du Prince Saint Ex hantent encore le ciel.

Un autobus des airs dépose là 40 causeurs. Dans leurs valises : des fausses couches, des paroles rentrées, des taloches en conserve, une soutane, une culotte de petit garçon à laquelle est encore accrochée la main d'un violeur, des coups de fusil, des mots tus, des paroles encore chaudes de tueries, des paroles drues, des paroles crues, des linges sales mal lavés en famille, des blessures calcifiées, des amours trompeuses, des éléphants roses, des fantasmes d'Eve, des cauchemars d'Adam, des craintes, des peurs, des désirs maquillés du dernier rouge sentiment, du ressenti bouilli dans la confusion, des lambeaux de cadavres dansant dans des placards jaunis, des S.C.F. (sans coeur fixe), des organes déplacés, des bleus à l'âme, des bleus à l'homme, des noirs au coeur, des rêves cauchemardés, des seringues fardées... 

Et malgré tout, des espérances vibrantes.

Derrière les ultimes dunes, là où la route se perd, il était là depuis toujours. Il avait nom Ali et descendait en juste ligne de Yacov et de Salomé. Il en témoignait la noblesse jointe au mystère de sa race, celle des derniers hommes. Expression de Mercure ailé de Delphes, tombé de son socle, il avait gardé devant les hommes sa position sur un pied, posé au sol comme un trépan. Son corps conservait les traces des dernières guerres puniques.

En le voyant, en l'entendant, en le touchant parfois, certains le prirent pour un prophète ou un maître, d'autres, dubitatifs, pour un provocateur voire même un imposteur.

Il mit en scène les 40 causeurs et leurs bagages. Peu à peu, les émotions sortaient des ventres et des coeurs, les colères frappaient l'air, les rires striaient l'atmosphère, les larmes sourdaient de l'aridité de leur désert.

La magie, l'âme agit, s'incarnait en images, les symboles parlaient et se répondaient, les mots recouvraient les maux, se contorsionnaient pour répondre au destin de chacun des 40 causeurs et leur redonner sens.

Ali devenait chaman, sorcier, accoucheur d'étoiles, métamorphosant les larmes en cristaux de sel lumineux, les antiques blessures en soleils. Il montrait de sa voix source, la voie royale qui mène au coeur, si bien que les 40 causeurs jouant avec leurs bagages, réapprirent l'enfance et la tendresse.

Ils trouvèrent des odeurs nouvelles dans leur peau, des battements de cils comme des envols de colombes, des attouchements colorés dans les doigts de leurs compagnons posés sur leur corps. Leurs pas s'ancraient dans un sol plus ferme et les dunes accueillaient leurs visions.

Il offrit à chacun son morceau de bâton de parole éternelle, afin qu'il s'engage sur son chemin de vie sans craindre ni la faim ni la soif ni la fin des passages.

Avant de les quitter pour d'autres routes, il leur rappela un dicton de sagesse berbère " mes frères, éloignez vos tentes, rapprochez vos coeurs ".

Les 40 causeurs, dans ce temps suspendu où l'éternité devint pour tous étreinte, réalisèrent par lui, combien est difficile le chemin de l'amour, combien est long l'apprentissage du verbe aimer, combien il est doux de se le dire. Ils trouvèrent là le sésame de l'instant.

Au retour, ils défirent leurs bagages. Ils découvrirent avec émerveillement que leurs objets usuels s'étaient transformés en trésors et dans leur miroir leur apparut un autre visage sur lequel des éclats de joie avaient pris la place des éclats de guerre. Au centre, comme un bijou, ils portaient leur sourire.

images

 

 

 

 

 

Publicité
Commentaires
Publicité
PSYCHOTHERAPIE
  • Passer quelques heures à dénouer le fil de notre Vie pour le retisser en conscience, voilà le plus bel investissement que nous puissions nous accorder. Les outils de thérapie brève:psychogénéalogie, PNL,hypnose,EFT,décodent et traitent notre mal de vivre
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité