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PSYCHOTHERAPIE
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23 mars 2014

La mémoire

 

C’était un de ces jours de printemps. Doux, paisible et clair. Le vieil homme et le gamin s’étaient promenés toute la journée, humant les parfums de la forêt, goûtant la brise tiède. Leurs pas les avaient conduits là où nul n’allait depuis bien longtemps.

Mais le vieil homme voulait montrer cela au gamin.

Cela, c’était les ruines d’un village. Des éboulis de pierres, des restes de murs recouverts de lichens, ça et là un fantôme de charpente. Partout des herbes rampantes, qu’on dit mauvaises, tentaient sans bien y parvenir de voiler le souvenir.

Ils se tenaient là, tous les deux, devant ça, silencieux. Le vieil homme contemplait, le regard grave.

-Qu’est-ce qu’il s’est passé, ici ? demanda le gamin.

Le vieil homme indiqua un tronc d’arbre, couché là :

-Viens t’asseoir, je vais te raconter.

Il sortit quelques fruits secs de sa poche et en tendit un au gamin. Tous deux mangèrent sans mot dire.

-Vois-tu, dit enfin le vieil homme, il y a bien longtemps, il y avait un village ici. Un beau village. Les gens y vivaient heureux. Mais, une nuit, les loups sont sortis de la forêt. Ils ont encerclé le village, ils l’ont envahi et ils ont dévoré presque tous ses habitants. Le village resta abandonné et tomba en ruines. Quelques temps après, ceux qui avaient pu fuir sont revenus.

-Et les loups, demanda le gamin ?

-Les loups avaient regagné leurs tanières, dans les bois profonds. Alors les gens ont reconstruit leur village. Méfiants, ils l’ont entouré d’un mur pour se protéger. A peine cette palissade dressée, une ombre rôda à ses pieds, comme un horrible souvenir. Une ombre noire, puissante, terrible.

Aussitôt, les gens prirent les armes et la chassèrent. Ils firent de même chaque soir, des mois durant car l’ombre revenait sans cesse. Puis, une nuit, l’ombre ne se manifesta pas. Bien sûr, on resta vigilant. Mais l’ombre ne revint pas. Les semaines passèrent. Nulle ombre ne parût. Les gens rangèrent leurs armes.

-Ils n’avaient plus peur,  demanda le gamin ?

-Si, mais on disait que les loups n’étaient plus qu’une poignée, D’ailleurs, les mois passèrent sans que nulle ombre ne reparaisse. Alors on cessa de guetter du haut des murs. Et on dit des loups qu’ils étaient devenus vieux. Les années passèrent. On finit par dire des loups qu’ils n’existaient plus, qu’ils avaient disparu. Les rares anciens à avoir vécu l’épouvante s’éteignirent, et plus personne ne prit la peine de parler des loups. Alors quand l’ombre rôda à nouveau, personne n’y crut. Et lorsque deux autres ombres frôlèrent le vieux mur, tout le monde dit que ce n’était rien.

Le vieil homme prit la main du gamin dans la sienne et se leva. Ensemble, ils entrèrent dans le champ de ruines. Ils marchèrent lentement. Leurs pas les menèrent au centre de ce qui fût un jour le village.

-Et qu’est ce qui s’est passé, alors, demanda le gamin. Les loups sont revenus ?

Le vieil homme inspira profondément.

-Ils ont encerclé le village ? Ils l’ont envahi ?

Le vieil homme ferma les yeux.

-Ils ont dévoré tout le monde ?

Le vieil homme hocha la tête.

-Mais, dit le gamin. Les gens avaient un mur ! Les gens avaient des armes !

-Oui, répondit le vieil homme. Mais ils avaient perdu la mémoire.

 

Philippe Coste

sans-titre

 

 

 

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