Humiliation
Qu’est-ce qui transforme un garçonnet angélique en bourreau de hannetons ou de chats ?
Qu’est-ce qui fait se replier une petite fille au fond de son lit en marmonnant, tel un mantra « je hais ma mère, je hais ma mère » ?
Qu’est-ce qui fait qu’une fillette va découper en menus morceaux le chemisier préféré de sa mère ?
Qu’est-ce qui fait qu’un enfant va chaparder toute la nourriture qu’il trouve pour se goinfrer en cachette dans un coin ?
Un ressenti d’injustice ? De trahison ? D’humiliation ? D’abandon, de rejet, peut-être ?
Quelle que soit la blessure ressentie à un certain moment, répétée probablement à l’infini par des parents maladroits et eux-mêmes en souffrance, elle se propagera au fil des années.
Un homme, par ailleurs charmant et attentionné, se transformera en bourreau humiliant avec ses proches.
Une excellente collègue se transformera en furie sitôt arrivée à la maison pour battre et rabaisser ses enfants.
Ces êtres insupportables, humiliants, violents gardent au fond d’eux un ex-enfant victime. Leur seule ressource est de reproduire ce qu’ils ont vécu en l’adaptant aux circonstances du présent. C’est un défouloir. Une prise de contrôle. Une domination. Illusoires malheureusement puisqu’inefficaces, répétés à l’infini sans pourvoir atténuer la souffrance sans cesse réactualisée. Lorsque la culpabilité vient couronner le tout, il faut être encore plus humiliant ou violent pour faire payer à l’autre d’avoir réveillé cette sensation insupportable.
Ce cercle vicieux mène rarement à une démarche de thérapie tant la peur d’avoir à affronter les vieilles souffrances est forte.
Il faudra parfois un dépôt de plainte pour violences ou harcèlement pour provoquer une réaction, attirer l’attention sur la gravité des faits. Certaines fois ce ne sera toujours pas entendable par l’ex-victime enfermée dans sa souffrance.
Reste le grand mystère de la résilience…