Remarques déplacées

Assise l'autre jour dans une église à l’occasion d’un enterrement, j’avais tout loisir d’entendre ce qui se disait sur le banc derrière moi.

L’homme a été pris d’une quinte de toux qu’il n’arrivait pas à stopper. Je l’entendais déglutir, faire des efforts en tentant des manœuvres inopérantes. C’était certes un peu gênant mais bon, c’est arrivé à chacun d’entre nous et le plus gêné, c’était certainement lui.

Alors qu’il se calmait, sa femme lui a asséné un « tu te rends compte comme tu déranges tout le monde ! » qui m’a exaspérée.

Mais bien sûr madame, il a fait exprès de se faire remarquer et d’embêter toute l’église, c’est évident.

Il serait bienvenu de s’interroger sur le bien-fondé de nos remarques. Même si nous les faisons souvent pour aider l’autre, pour le faire réagir ou changer, l’effet escompté est rarement obtenu.

-Ta fille ne mange que des sucreries.

-Ton mari pourrait t’aider à la maison.

-Tes collègues se moquent vraiment de toi.

-Tu te laisses vraiment maltraiter par tout le monde…

Oui, à commencer par toi, pétasse !

Est-ce vraiment aidant de replonger l’autre dans ses problèmes à chaque occasion ?

Est-ce vraiment aidant de remuer le couteau dans la plaie ?

Vous ne pensez pas que s’il pouvait faire autrement il le ferait ?

Ce type de remarques prouve à quel point certains ont besoin d’enfoncer l’autre pour exister alors que nous serions censés apporter notre aide.

Comme disait Jacques Salomé : «  ce n’est pas en coupant le zizi de ton voisin que le tien sera plus grand. »