Mère et fille

L’actualité nous montre deux femmes qui se déchirent depuis de nombreuses années, une mère richissime et sa fille.

Quelles que soient les agissements de la mère, le choix de ses hommes de confiance, ses choix relationnels, économiques, son autonomie réelle ou altérée, cette mère ne se comportera jamais tel que l’attend sa fille.

Ce qui lui est reproché n’est pas actuel. La fille ne se bat pas contre ce qu’elle reçoit ou non aujourd’hui.

Elle court en vain après l’amour de sa mère, sa reconnaissance. Elle était, pour cause de mère affectivement déficiente, très proche de son père disparu.

Pour des raisons qui lui appartiennent, cette mère n’a pas pu faire ressentir son amour à sa fille. Ses apports étaient en décalages avec les attentes de sa fille. Elles se sont croisées sans se rencontrer réellement.

Rien ne remplacera jamais ce qui n’a pas été reçu. Aucune somme, aucun cadeau, aucune attention, même pas l’amour actuel si tant est qu’il puisse se manifester après tant d’années.

Courir en vain après quelque chose qui n’existe pas est terriblement frustrant. Cela fait passer à côté de la vie. Chaque rencontre fait renaître l’illusion que l’on va enfin trouver le Graal, illusion invariablement déçue.

Il est essentiel pour un enfant de faire le deuil de ce qu’il n’a pas reçu. Qu’il accepte d’avoir la mère qu’il a, sachant que c’est la seule qu’il aura jamais et qu’elle est celle qu’elle est. Qu’elle a fait de son mieux. Qu’elle était probablement elle-même en déficit de quelque chose la mettant en difficulté dans sa relation maternelle.

Il est essentiel d’accepter ce qui est pour être en mesure dans un second temps d’accorder un pardon émotionnel. Cette démarche apportera une paix et une sérénité qui permettront à leur tour d’apprécier à leur juste mesure tout ce que la vie apporte au jour le jour.

Nous ne sommes pas responsables de ce que nous avons reçu mais nous le sommes de ce que nous en faisons.

Pour grandir, il est essentiel d’arrêter d’entretenir de vieilles histoires. Il est essentiel de prendre la décision, de faire le choix d’avancer.

Il est vraiment possible de décider d’être heureux quoi qu’il arrive, croyez-moi.

Comments

[karisma]

Je comprends que ça résonne ainsi même si cette fois-ci je ne me positionnais que du côté du parent. Parfois un ressentiment profond empêche la gratitude envers tout le reste... et souvent les enfants nous amènent à nous questionner sur nous-mêmes.

[mahala]

"... essentiel pour un enfant de faire le deuil de ce qu’il n’a pas reçu... accepter d’avoir la mère qu’il a, qu’elle a fait de son mieux."
Je dirai non seulement accepter ; mais éprouver de la gratitude pour la vie, l'éducation, les soins, le temps passé malgré toutes les difficultés d'expression de l'amour. Car l'amour d'une mère ne sort pas de la corne d'abondance, il doit être nourri, une marque d'affection, d'un oui de temps en temps. Je trouve un grand manque de gratitude des enfants parfois, et quand je questionne les mères autour de moi, la plupart trouvent cela normal "mais tous les enfants sont ingrats !" Pas moi. Si ce ptit mot vous fait écho ou réagir , merci ...