Foire européenne

Quand vous pouvez dire que cela fait 50 ans que vous faites quelque chose, vous réalisez, au moment même où vous lisez l’étonnement dans les yeux de votre interlocuteur, que vous êtes sur la pente descendante. Comme me disait ma fille étudiant Mai 68 au programme d’histoire alors que je lui racontais mon vécu : « pour toi ce sont des souvenirs mais pour moi, c’est de l’histoire. » Non, nous n’étions même pas en guerre !

50 ans de foire européenne sans payer une entrée grâce aux fournisseurs de papa puis à nos clients et enfin aux relations professionnelles de nos enfants.

50 ans de bonimenteurs inspirés, de camelots dithyrambiques, de glaces, de croque-monsieur, de rangements géniaux, de sandwiches au foie gras, de sécateurs révolutionnaires.

50 ans de fauteuils vibrants, de perles du Japon, de knacks/salade de patate, de crèmes anti-rides, de raclettes lave-vitres innovantes, de polish pour voitures.

50 ans de documentation jetée à peine arrivés à la maison, d’amandes grillées, de râpes à légumes performantes (la mienne a 40 ans et toutes ses dents), d’accras accompagnés de planteur, de robots ménagers.

50 ans d’ampoules aux pieds, d’engrais hollandais (le monsieur a plus de 70 ans), de fruits confits, de fenêtres PVC, de vins de partout, de piscines, de cuisines et meubles divers, de gaufres.

Bref, je pourrais continuer presque à l’infini il ne manquerait que le raton-laveur.

La foire européenne c’était maman et moi pour la déco, l’artisanat et les trucs sympas et mon frère avec notre père de leur côté, pour voir le sérieux, outils et autres choses d’hommes.

Retrouvailles autour d’un verre pour se sustenter et reprendre des forces afin d’avoir l’assurance de tout voir et rentrer bien fatigués.

Halte obligatoire sur le retour pour une tarte flambée, spécialité encore rare à l’époque mais qu’on peut déguster dans toute l’Alsace aujourd’hui.

La foire européenne est une institution dont beaucoup d’Alsaciens gardent en mémoire les souvenirs successifs d’année en année… mais aussi au grenier les gadgets qui paraissaient si géniaux au stand et qu’ils ne savent plus utiliser une fois arrivés chez eux.